Jeunes et santé mentale : l’Ordre participe au Mouvement

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NDLR : Le 9 septembre, soutenu par un vaste réseau d’organisations incluant l’OTSTCFQ, l’Association des travailleurs et travailleuses de rue du Québec et le Regroupement des organismes communautaires québécois de lutte au décrochage, le Mouvement Jeunes et santé mentale invitait les partis politiques à s’engager à tenir une commission sur la médicalisation des problèmes sociaux des jeunes. La présidente de l’Ordre, Mme Guylaine Ouimette, T.S., s’y est adressée aux médias. Voici les grandes lignes de son allocution.


Bon dimanche à tous,

Je tiens d’abord à vous dire que je n’ai aucunement hésité à répondre positivement à l’invitation du Mouvement jeunes et santé mentale. D’ailleurs, l’Ordre des travailleurs sociaux et thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec a accepté fièrement d’être cosignataire de la déclaration commune qui réclame notamment la tenue d’une commission politique dont le mandat serait :

  • de cerner l’ampleur de la médicalisation chez les jeunes aux prises avec des problèmes de santé mentale;
  • d’identifier les raisons qui justifient cette tendance;
  • de faire la lumière sur les impacts de ce phénomène;
  • et surtout d’élaborer des pistes de solutions avec l’ensemble des experts concernés.

Vous dites : « La médication a sa place, mais elle prend toute la place. »

J’ai lu également : « Nous sommes de plus en plus nombreux à nous demander par quelle manière les difficultés scolaires, familiales, relationnelles, économiques et existentielles sont devenues des pathologies à traiter avec des moyens pharmacologiques ».

Tout comme le constate le Mouvement Jeunes et santé mentale, les travailleurs sociaux sur le terrain observent qu’il est essentiel de prendre le temps d’écouter les jeunes avec ouverture et tolérance pour tenter de mieux comprendre ce qu’ils vivent, et bien répondre à leurs besoins sans que la médication soit la seule solution proposée. Pour cela, le jeune doit avoir accès à des services de confiance et rapidement sans avoir à répéter son histoire plusieurs fois.

Pour les travailleurs sociaux, c’est clair, la santé mentale, c’est pas juste dans la tête! Jamais vous m’entendrez remettre en question l’importance de la médication, mais je crois néanmoins qu’il est essentiel d’intervenir sur les déterminants sociaux de la santé pour aider les jeunes aux prises avec des problématiques de santé mentale.

Pourquoi assurer que les déterminants sociaux de la santé sont bien évalués? Parce qu’ils font partie intégrante de la situation vécue par le jeune. Quels sont-ils? Le revenu, la situation sociale, la scolarité, les conditions de logement et de travail, les réseaux de soutien social et personnel, ainsi que les conditions dans lesquelles s’est développé l’enfant. Vous l’aurez compris, plus ces déterminants sont favorables, plus le jeune aura la chance de vivre en meilleure santé mentale.  À ce jour, les scientifiques n’ont découvert aucun médicament capable d’agir sur les déterminants sociaux de la santé…

Nous savons cependant qu’il faut agir sur ceux qui ont le plus d’impact négatif sur la vie du jeune et de sa famille afin d’arriver à des améliorations significatives sur la santé globale de leur milieu. Aux quatre coins du Québec, des milliers de travailleurs sociaux oeuvrent au cœur des équipes de santé mentale jeunesse, des familles en difficulté, à l’école, en psychiatrie, en centres jeunesse, ils sont là et s’assurent d’évaluer tous les aspects de la vie du jeune. Il est clairement démontré que l’intervention sociale considère tous les éléments de l’environnement du jeune et de sa famille, et que ceux-ci font partie du problème et donc de la solution à son bien être global.

Nous croyons sincèrement que le jeune vivant une crise doit avoir accès rapidement à des services sociaux de qualité et adaptés aux réalités contemporaines de notre jeunesse. C’est pour cette raison que l’Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec n’a pas hésité à se joindre au Mouvement Jeunes en santé mentale pour questionner et chercher des avenues gagnantes afin d’éviter le recours à l’unique solution pharmaceutique pour répondre aux problèmes du mal de vivre chez certains jeunes.

Il est tout à fait justifié de rechercher des alternatives qui visent la santé globale de notre jeunesse qui constitue les futurs décideurs et les influenceurs de notre société. Vous pouvez compter sur notre appui, maintenant et dans l’avenir dans cette quête honorable. C’est un chemin que nous parcourrons ensemble afin que la jeunesse québécoise bénéficie des meilleures approches bio, psycho, sociales en santé mentale.

Merci de nous avoir invité à contribuer à cette grande démarche visionnaire et centrer sur l’acquisition d’une santé globale pour la jeunesse québécoise.