On se quitte… Est-on quitte?

Retour sur le Colloque 2019 de l’AIFI

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Le neuvième colloque international de l’Association internationale francophone des intervenants auprès des familles séparées (AIFI) avait lieu en mai à Montréal, sous le thème: «On se quitte… Est-on quitte?». Plus d’une centaine de professionnels des milieux juridique et psychosocial, provenant de la Belgique, la France, le Luxembourg, la Martinique, le Québec et la Suisse, ont participé à l’événement.

Le colloque visait d’une part à comprendre ce que chacun fait peser dans la balance des comptes lors de la rupture d’un couple, mais aussi à permettre aux intervenants d’aider les ex-partenaires et leurs enfants à assumer et à compenser les pertes, dans un esprit de bienveillance.

L’allocution d’ouverture a été présentée par madame Guylaine Ouimette, T.S., présidente de l’OTSTCFQ, pour qui le thème du colloque évoque des enjeux bien contemporains, vu le nombre croissant de séparations et les défis que cela représente pour les intervenants sur le terrain. Les conjoints vivant une séparation où les sources de conflits conjugaux sont multiples tels l’infidélité, les enjeux financiers, la violence physique et psychologique ou la dépression, imposent un défi de taille aux professionnels dont la mission est d’aider ces parents à établir les bases d’un accord équitable.

Les conférenciers en plénière le vendredi matin ont traité du thème du colloque selon différentes perspectives: d’abord sociologique, puis psychologique et finalement juridique.

D’abord, le sociologue Jean-Claude Kaufmann s’est penché sur la façon dont la société intervient dans la séparation d’un couple. La méthode utilisée par M. Kaufmann vise à repérer des faits simples de la vie quotidienne, les décortiquer et en dégager les éléments d’une organisation sociale. Alors qu’auparavant le groupe définissait l’individu, maintenant c’est l’individu lui-même qui est au centre de son existence, qui décide seul de son identité, de sa propre morale et de sa propre vérité. Ainsi la trajectoire dans la vie adulte est plus lente et l’on observe la tendance des jeunes adultes à prolonger leurs études, à demeurer plus longtemps chez leurs parents.

Le regard du psychologue a été présenté par Richard Cloutier, professeur émérite de l’Université Laval. Il a examiné d’abord les causes des séparations conjugales. Qu’en est-il de l’argent dans le couple? L’argent est la ressource et le pouvoir d’agir. La façon dont chacun gère l’argent peut devenir source de conflit. Le tabou autour de l’argent est également révélateur.

Le regard du juriste a été présenté par Madame Andréanne Malacket, docteure en droit, professeure adjointe à la Faculté de droit de l’Université de Sherbrooke. Celle-ci a résumé de façon magistrale les droits et obligations des conjoints, qu’ils soient mariés, en union civile ou en union de fait.

Le vendredi après-midi, les participants réunis en ateliers ont pu bénéficier du point de vue d’un professionnel et échanger sur des thèmes variés tels que:

  • le nouveau rôle de l’avocat coach;
  • l’intervention familiale et systémique et l’impact du trouble de personnalité dans le contexte des séparations familiales;
  • les bilans financiers en médiation familiale: solde de tout compte ou dernier lien?
  • investir dans l’avenir désirable plutôt que dans l’irréparable passé;
  • la médiation au cœur de la tempête: une approche pratique de gestion des « règlements de comptes » post-conjugaux;
  • quand le coût des règlements de comptes menace de dilapider la coparentalité.

La plénière du samedi matin avait pour objectif de donner la parole à trois intervenants pour traiter des interventions possibles auprès des ex-partenaires et leurs enfants afin que les parents puissent assumer et compenser les pertes et faire autant que possible de l’argent un instrument de bienveillance.

À la fin de ce colloque, la parole a été donnée au professeur Pierre Noreau, professeur titulaire au Centre de recherche en droit public de l’Université de Montréal, directeur du projet de recherche « Accès au droit et à la justice [ADAJ] » mis en place au Québec en septembre 2016.

Le professeur Noreau a présenté ses réflexions conclusives en lien avec le thème du colloque. Il a souligné l’importance de parler de l’intérêt des parents et non seulement de celui des enfants. Parce que réfléchir à son propre intérêt permet de considérer comment je peux continuer à vivre après le couple.

Cet événement international a connu un vif succès grâce aux ateliers et plénières qui ont enrichi les réflexions et proposé de nouvelles actions.  L’intention étant que les couples puissent poursuivre leur route séparément, le plus sereinement possible, en protégeant les enfants d’un conflit destructeur, accompagnés par des intervenants juridiques et psychosociaux qui n’hésitent pas à sortir des sentiers battus pour recourir à des solutions novatrices.

Le dixième colloque AIFI aura lieu en mai 2021 à Genève en Suisse. C’est un nouveau rendez-vous à ne pas manquer. Consultez régulièrement le site de l’organisation pour en savoir plus.


Créée en 2003, l’AIFI est interdisciplinaire. Elle regroupe des juges, des avocats et des notaires, des médiateurs, des professionnels du domaine psychosocial, des chercheurs, des intervenants du réseau communautaire (associatif), tous œuvrant auprès des familles séparées.

L’AIFI accueille des membres de tous pays et promeut des rapports et des échanges en langue française, que ce soit pour les colloques, les réunions, les séminaires, les communications ainsi que les groupes de discussions. Il en est ainsi des publications à la revue scientifique et au bulletin de liaison.